Sur Des Assassins, de Chen Uen《刺客列傳》鄭問

Le tueur nous toise. À demi cachée derrière le dos du livre, sa face fait irruption et impose sa présence sur toute la hauteur de la couverture. Le sourcil menaçant, la pupille assassine, la mâchoire contractée, son portrait nous surveille de près en entretenant un calme inquiétant. Depuis le vêtement à peine esquissé jusqu’aux cheveux à l’encre lâche, des plis du visage plus ou moins dilués au sourcil dur couché comme le trait na de la calligraphie chinoise, toute l’image est tendue vers l’œil, paupière arquée, cils jetés, regard glacé par la précision du noir.  Plus terrifiant encore, des constellations de gouttelettes rouge sang lui parsèment le visage ainsi que le col de la tunique et jusqu’à la couverture du livre même, s’épaississant en grosses gouttes pesantes au revers de l’album, des gouttes qui glissent sur la joue et viennent raviner le cou du tueur.

Sur Deeper Blue, de Howard Yang et Yashin《藍色潮間帶》楊朝皓，葉馨文

Le papier de la couverture est un peu rêche, légèrement sablé, presque comme du papier de verre mais qui aurait trop servi, qui serait trop usé. L’imprimé argenté introduit des traces de brillance sur la surface mate de la feuille, il fait gicler des reflets gris qui, d’entrée, donnent au livre de la profondeur, une dimension supplémentaire. Dès la prise en main de l’objet, nos sens nous transportent dans une science-fiction d’un genre cyber vaguement esquinté : la couverture de Deeper Blue donne à voir, à toucher, les surfaces métalliques abîmées et écaillées qui sont au centre de son récit.